Understar propose une nouvelle approche, une nouvelle manière de découvrir les artistes. Découvrez les artistes dans leur intimité.
C’est dans un appartement, un studio d’enregistrement, un lieu d’inspiration… qu’ils vont se dévoiler lors d’une interview écrite. Et pour lancer le concept, UNDERSTAR vous présente LUNI, jeune rappeur de la banlieue parisien.
Posée dans ma voiture, je m’en vais en direction de La Varenne Saint-Hilaire, un quartier de Saint-Maur-des-Fossées dans le 94. Un petit coin où il fait bon vivre. Pour la petite histoire, la Varenne-Saint-Hilaire est la seule ville à disposer d’un code postal qui lui est propre. Tout comme les arrondissements de Paris ou encore de Marseille. Ce privilège a été accordé lors de l’instauration des codes postaux en 1972. Une distinction à laquelle les résidants sont très attachés. Source LeParisien
Petite parenthèse faite, revenons à nous moutons…
Donc c’est en direction de La Varenne Saint-Hilaire que je vais à la rencontre de LUNI, un jeune rappeur de la nouvelle scène urbaine de ces dernières années. Et pour l’occasion, l’artiste nous reçoit chez lui.
Une barrière blanche raccordée à une maison résidence qui propose divers appartements. La barrière s’ouvre et fait place à un petit coin de jardin et deux entrées. Nous voilà chez LUNI. C’est dans son salon cosy et chaleureux, qu’il m’invite à prendre place. A côté, se trouve son matériel d’enregistrement. Bienvenue dans le cœur artistique de LUNI.
Pour commencer, présente toi ?
« Moi c’est LUNI, anciennement LUNIKAR. 24 ans, rappeur beatmaker ! Je fais du son depuis une dizaine d’années.
Pourquoi anciennement LUNIKAR ?
« Anciennement LUNIKAR… C’est moi qui m’étais donné ce nom, je devais avoir 11 ans. Mais en vrai je n’ai jamais aimé ce blase. Mais bon… J’avais des « bons retours ». Donc j’ai gardé. Mais avec le temps, j’ai beaucoup bougé dans le domaine de la musique et les gens m’appelaient LUNI, un diminutif. Et pour moi c’est important que le nom d’un artiste reste dans la tête. C’est plus simple à dire et on retient mieux. »
Comment tout a commencé pour toi ?
« C’était il y a une dizaine d’années. J’ai toujours été attiré par les poèmes et tout ce qui est mélodieux. Mes instruments préférés sont le piano et le saxophone. C’est avec mon frère que je me suis mis à la musique. D’ailleurs, il est aussi beatmaker. Petit, on jouait à un jeu « Music 2000 » qui était sur la Playstation 1. C’est comme ça que l’on a commencé à faire des sons (rires). On eu l’occasion de travailler ensemble. Mais aujourd’hui, son style de musique ne me correspond plus. »
A quoi ressemblent tes journées ?
« Mes journées… ? (rires). Euh ça dépend. En tout cas je commence en mode petit déj / Manga sinon je fais du son. »
Tu produis, écris et composes beaucoup chez toi. On le voit, tu es équipé. Que représente ce lieu (chez toi) dans ta musique ?
« Ce n’est pas vraiment le lieu qui est important mais les conditions dans lesquelles je suis. Mais je préfère faire ma musique dans le calme ou dans le noir. Après, tout se joue sur l’émotion. »
En parlant d’émotions, sont-elles ton inspiration ?
« Oui complètement. Si je suis dans des situations où j’ai eu des problèmes en rapport avec l’amour, je suis plus enclin à faire un son et une prod qui va sonner un peu « Love », un peu rose. Et si au contraire je suis assez énervé, que je suis dans le noir, je vais plus faire un son dans le genre « Pleure-moi » comme dans l’EP « NOIR« . Mes inspirations je les trouve dans ma vie, dans ce que j’écoute, ce que je vis. »
Qu’est-ce que tu écoutes ?
« J’écoute de tout ! Pas que du Hip-Hop. J’écoute du Rock, du Jazz, de la Soul, de la House. Du moment que la musique est mélodieuse, qu’elle a un bon flow. D’ailleurs, en ce moment je suis sur « The Cramberries » (rires). Ca fait un choc à chaque fois que je le dis. Et, je n’écoute pas une musique pour les textes, mais pour ce qu’elle me fait ressentir.»
Actuellement tu mènes un projet de 4 EP, qui ont tous une couleur et donc une émotion différente.
« Ouais c’est ça, il y a donc « NOIR« qui est très sombre, une période dure de ma vie. Le prochain EP c’est « ROSE« , dont je commence à faire la promo, qui est focalisé sur les femmes. Puis viendra « JAUNE » pour le côté festif » et enfin « BLEU« qui est un délire posé et planant.
Tu l’as dis, tu écoutes de tous les genres de musique. Est-ce que tu peux être amené à faire un projet qui ne tend plus vers le Hip-Hop ?
« Dans le prochain EP « ROSE« , c’est déjà un peu le cas. C’est plus R’N’B. Inconsciemment, je me dirige plus vers le chant. L’EP « BLEU« sera aussi très chantant. Après, je n’ai jamais été dans le « Rap Street ». »
Le premier EP est donc « NOIR ». Sorti en janvier dernier.
« Ouais le premier c’est « NOIR« et bientôt « ROSE« . Chaque couleur représente une humeur, mais aussi une saison. « NOIR« en hivers, « ROSE » au printemps, « JAUNE » en été et « BLEU« en Automne. Pour « NOIR« , c’était une période sombre de ma vie. Il m’est arrivé beaucoup de mauvaises choses. Mais ça m’a inspiré. J’avais envie d’exprimer mon énervement. J’ai commencé par « Mixture », puis « Pleure-moi » avec TORTOZ. Après, j’ai enchaîné avec « Oh man » avec 3010 et j’ai fini par « Paradis » parce que c’est une teinte noire, un peu rosé. C’est un son qui parle de ma fille. Des problèmes qu’il y a eus autour d’elle. ».
Quel bilan peux-tu faire de cet EP « NOIR » ?
« Très bien. Je suis satisfait parce que je ne m’attendais pas à autant d’engouement. Après, je ne suis pas naïf non plus, je sais que 3010 et TORTOZ m’ont apporté des vues. Mais je sais que j’ai produit de la qualité. J’ai eu des échos que des maisons de disques ont écouté mon projet. Et également des personnes influentes. Donc c’est cool. »
Le morceau « Paradis » clôture l’EP, et comme tu le dis, c’est la petite lumière qu’on voit dans le « NOIR ». Cela annonce ton passage vers la couleur « ROSE ». Que proposes-tu dans cet EP ?
« « ROSE » est très paradoxal. Ça parle des relations amoureuses mais surtout des déceptions amoureuses. L’EP n’est justement pas « tout rose ». Ça concerne mes anciennes relations, celles avant ma fille et aussi quelques-unes plus récentes, dont celle avec la mère de ma fille. L‘EP « ROSE » est basé sur la femme. Il plaira plus aux filles, je pense. Enfin aux gars aussi, mais plus pour le côté vécu. Après, ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus de sombre mais que je suis passé à une étape de ma vie où je ne me focalise plus sur les problèmes. Et puis, ma vie est aussi plus cool ! Donc je peux parler d’autres choses. J’ai aussi toujours dit, aux filles que j’ai fréquenté, que je ferais un son sur mes relations et mes ressentis. Il n’y a qu’un seul son positif dans « ROSE« , c’est le premier titre qui va sortir qui s’intitulera « A mort ». »
Tu fais partie de cette nouvelle génération d’artistes qui s’imposent avec de la persévérance et du travail. Comment travailles-tu ?
« Souvent seul. Enfin, je ne suis pas vraiment seul. C’est surtout lors de l’enregistrement que je le suis. Je préfère car je me lâche plus et je teste plus de choses. Je prends aussi plus de risque et j’ai moins la pression du regard de l’autre. Mais oui, je ne suis pas seul. J’ai beaucoup de beatmakers comme TWENTY9, MARCUS, ILLNGHT et j’en passe. J’ai aussi mon réal qui est JOHANN DORPILO, qui est également le réalisateur de DISIZ. »
Et c’est ici que tout se passe !
Et si tu es amené à signer un contrat ?
« Je ne signerais pas… je veux rester seul, entouré de mes gars. Pourquoi pas créer un Label. On y pense, mais on n’y est pas encore. »
TWENTY9, MARCUS… pour les prods et Johann Dorpilo pour les visuels. C’est un peu comme la famille.
« On pense que TWENTY9 est mon frère, mais ce n’est pas vraiment le cas. Il n’y a pas de lien de sang, mais je le considère comme. Les gens avec qui je taffent, donc environs 9 personnes : GARY, LEO, JOHANN, MARCUS que je connais depuis la maternel, TWENTY9 depuis le collège etc., ce sont mes gars, la famille. J’ai la chance d’être bien entouré. D’ailleurs, TWENTY9 a toujours été attiré par la musique. Je l’ai aidé à entrer dans le Beatmaking. Et aujourd’hui, il est plus chaud que moi (rires). Même MARCUS, il bosse avec DISIZ et RIM-K. »
Tu es aussi connecté à la nouvelle jeunesse de la scène urbaine comme 3010, ou encore TORTOZ. Comment choisis-tu tes collaborations ?
« Tout se fait avec le temps. Je sais qu’il y a des artistes, plus ou moins connus, qui m’écoutent. 3010, on se connaît depuis 2011, quand j’ai sorti mon premier EP « LIMPIDE », Dedans, il a le clip avec PESOA « Jamais perdant ». J’ai donc eu l’occasion de rencontrer les membres d’Eddie Hyde. A cette époque, je ne me sentais pas encore au niveau pour faire un featuring. Aujourd’hui, c’est différent. Je pense vraiment offrir des sons de qualité. Du moins, j’ai donné le mieux que je pouvais en terme de qualité, pour le moment. Après, je ne cesse de m’améliorer sur chaque son que je taff. »
Une future collaboration avec Eddie Hyde ?
« Non. Enfin je ne veux pas. Je m’entends bien avec pas mal des membres de Eddie Hyde. Il y en a que j’ai beaucoup côtoyé. Par exemple PESOA et HOUSSAW ce sont des gars avec qui j’ai eu un bon feeling. On trainait ensemble et on était très proche. Après, il y en a pleins que je ne connais pas. Et je pense que ça se joue au feeling. Il y a certains membres du groupe comme TAKE A MIC, avec qui on avait parlé de faire un son ensemble. Mais, il n’y a pas eu de suite. A voir. C’est peut-être trop tard. Je ne sais pas. »
Tu as d’autres featuring de prévu pour les prochains projets ?
« Il y a 4 titres par EP, dont 2 feat. (Sauf pour « ROSE » où il y a 5 sons). Sur « ROSE » il y aura un artiste américain qui s’appelle JOE TRUFANT. Il est très fort dans un délire à la PARTYNEXTDOOR. C’est via Soundcloud qu’on s’est découvert. La plupart des feat. Avec des étrangers c’est via Soundcloud. Et il y aura ASHOK ROSE. C’est un gars que je connais depuis longtemps grâce à JOHANN. On a eu l’occasion de faire un son ensemble. Je le voyais bien sur « ROSE« , en plus ça va bien avec son nom (rires). »
On va faire un jeu. Je vais te dire une couleur et toi tu dois me dire ce que ça t’inspire.
Vert : La guérison, plantes médicinales
Bleu : L’apaisement, la sagesse
Blanc : La pureté
Rouge : L‘amour, la passion
Orange : Festivité
Jaune : Soleil
Ton son coup de cœur ?
« Wouaaaw. Compliqué à dire… On va dire « Sans feeling » qui est dans « BLEU« parce que ce n’est pas mon histoire, et surtout c’est une grosse prise de risque dans la manière de poser. Et dans « ROSE » il y a « A Mort ». Car c’est le seul son positif de l’EP et pareil, grosse prise de risque. ».
Vous voulez découvrir ou redécouvrir LUNI en live, rendez-vous le samedi 11 mars 2017 à la Bellevilloise pour l’Understar Party #2.
Belle interview !! #UNDERSTAR